
Depuis près de deux décennies, le football italien vit une transformation profonde, marquée davantage par les déceptions que par les triomphes. Alors que la Coupe du monde 2026 approche, un constat s’impose : l’Italie, quadruple championne du monde et longtemps symbole de régularité sur la scène internationale, doit encore emprunter le chemin des barrages pour espérer figurer parmi les nations qualifiées. Une situation devenue presque habituelle, mais qui n’en est pas moins inquiétante, notamment lorsqu’on se souvient des échecs retentissants de 2017 et 2022.
La défaite dans le groupe qualificatif face à une Norvège impressionnante et constante a fait basculer la Squadra Azzurra dans une position inconfortable. Finir deuxième dans une poule qu’elle était censée maîtriser remet sur la table de graves interrogations quant à la dynamique de cette équipe. Le souvenir des deux dernières éliminations aux barrages reste vivace, et les supporters redoutent un troisième coup de massue qui serait, sans exagération, historique.
L’Italie n’a plus participé à une Coupe du monde depuis 2014. Ses absences en 2018 et 2022 sont encore dans tous les esprits. La perspective d’un troisième Mondial raté d’affilée serait un séisme dans le football européen. Pourtant, malgré un classement FIFA flatteur et une équipe qui regorge de talents, la confiance a du mal à revenir.
Dans ce long article, nous revenons en détail sur les raisons de cette inquiétude, les traumatismes de 2017 et 2022, les failles structurelles du football italien, et les enjeux immenses du barrage prévu en mars 2026. Un panorama complet, indispensable pour comprendre pourquoi la qualification italienne est loin d’être acquise, malgré le prestige de la sélection.
Le déclin progressif d’une nation qui dominait le monde
Le football italien a longtemps été admiré pour son organisation, sa discipline et sa capacité à répondre présent lors des grands rendez-vous. Le triomphe de 2006, avec un parcours brillant jusqu’à la finale remportée contre la France, semblait annoncer une nouvelle ère de succès. Pourtant, ce sacre marque plutôt le début d’un long passage à vide.
Depuis ce Mondial victorieux, l’Italie a enchaîné les performances médiocres. Éliminée dès la phase de poules en 2010 puis en 2014, la sélection a perdu son aura. Après 2014, la crise s’est accentuée, culminant avec l’absence au Mondial 2018, une première depuis 1958.
L’Euro 2021, remporté de manière convaincante face à l’Angleterre, a laissé croire à une renaissance. Cependant, ce titre n’a pas suffi à masquer les faiblesses structurelles : manque d’efficacité offensive, transition lente, difficulté à imposer un style clair, dépendance à certains cadres vieillissants. L’échec de 2022 l’a confirmé.
En 2025, ces problèmes ne sont toujours pas totalement résolus. Les cycles commencent et se terminent sans véritable continuité. L’Italie semble constamment osciller entre moments de génie et longues périodes de doute. D’où cette situation actuelle : encore une fois, l’équipe ne se qualifie pas directement et doit affronter les barrages.
Une deuxième place lourde de conséquences
Finir derrière la Norvège a surpris de nombreux observateurs. Pourtant, la progression norvégienne, portée par une génération ambitieuse, explique en partie ce résultat. Mais ce constat n’atténue pas le sentiment d’insuffisance italienne. Une sélection du calibre de la Squadra Azzurra ne peut se permettre de laisser filer une qualification directe.
La conséquence est immédiate : l’Italie doit se mesurer à un mini-tournoi de barrages, où un seul faux pas élimine définitivement toute chance de participation au Mondial. Ces barrages ne ressemblent en rien à une compétition traditionnelle. Ils sont courts, intenses, et souvent dominés par la pression psychologique plutôt que par la logique sportive.
L’Italie connaît trop bien la difficulté de cet exercice. Et surtout, elle sait qu’elle n’y a pas brillé récemment.
Suède 2017 : le début d’un traumatisme encore présent
En 2017, le football italien a vécu l’une des pages les plus sombres de son histoire moderne. Après une campagne correcte mais insuffisante, la sélection hérite de la Suède pour une double confrontation déterminante. Sur le papier, l’Italie semble largement supérieure, notamment grâce à une défense expérimentée composée de Buffon, Bonucci, Barzagli et Chiellini, tous issus d’une Juventus alors finaliste de la Ligue des champions.
Mais le terrain raconte une autre histoire.
Le match aller : une Italie sans idées et une Suède réaliste
Le match aller en Suède tourne au cauchemar. L’Italie affiche un jeu brouillon, lent et prévisible. Les occasions sont rares. À l’inverse, les Suédois, organisés et combatifs, parviennent à surprendre la défense italienne sur une frappe de Jakob Johansson, déviée par Daniele De Rossi.
Le scénario est cruel : peu de danger, un but encaissé, et un retour en Italie avec un retard à remonter.
Matteo Darmian aurait pu changer le cours de la rencontre en touchant le poteau, mais la chance n’est pas du côté italien. La défaite 1-0 oblige la Squadra Azzurra à un match retour au San Siro où elle devra absolument marquer.
Le match retour : domination totale, efficacité nulle
À Milan, devant un stade comble, l’Italie domine la rencontre du début à la fin. Mais cette domination reste stérile. Robin Olsen, le gardien suédois, réalise une prestation exceptionnelle. Malgré les assauts répétés, aucune frappe ne se transforme en but.
Le score final est un 0-0 désastreux. L’Italie ne se qualifie pas. Buffon quitte la sélection dans les pleurs. Les supporters sont sous le choc.
Cette élimination est vécue comme un séisme. Une nation habituée aux podiums mondiaux se retrouve spectatrice de la Coupe du monde 2018. Chiellini résume en une phrase la situation : « Nous avons touché le fond ». Pourtant, cinq ans plus tard, la Squadra Azzurra découvre qu’elle peut plonger encore plus bas.
Macédoine du Nord 2022 : une humiliation presque prévisible
En 2021, l’Italie atteint les sommets en remportant l’Euro. Une génération talentueuse, un collectif solide et une dynamique exceptionnelle permettent aux Italiens de battre l’Angleterre à Wembley. Mais l’euphorie retombe très vite. La campagne de qualification pour le Mondial 2022 est marquée par un manque de réalisme offensif et une incapacité à concrétiser des occasions pourtant nombreuses.
Un nul en Irlande du Nord lors de la dernière journée scelle la deuxième place de la poule. Direction les barrages, encore.
Le match contre la Macédoine du Nord : un scénario brutal
Le tirage semble clément : la Macédoine du Nord paraît être l’adversaire idéal pour retrouver confiance. La logique sportive annonce une victoire italienne. Pourtant, le football réserve parfois des surprises terribles.
À Palerme, l’Italie attaque sans relâche. Le nombre de tirs est impressionnant : 32 tentatives. Mais aucune ne franchit la ligne. Entre maladresse, manque de lucidité et défaillance offensive, la Squadra Azzurra laisse filer le temps.
Puis vient la 92e minute. Aleksandar Trajkovski déclenche une frappe lointaine qui surprend Donnarumma. Le stade se fige. L’Italie est éliminée. Encore une fois.
La Macédoine du Nord sera balayée par le Portugal ensuite, mais le mal est fait. L’Italie manque un deuxième Mondial consécutif. Les critiques pleuvent, et le traumatisme de 2017 se transforme en une crise encore plus profonde.
Une troisième menace en 2026 : psychologique, sportive et historique
Quand l’Italie s’apprête à disputer les barrages de 2026, une inquiétude palpable traverse l’ensemble du pays. Ce n’est pas seulement un match de football. Il s’agit d’un test psychologique monumental.
Les adversaires potentiels, dont la Suède et la Macédoine du Nord, peuvent réactiver des souvenirs douloureux. Le poids de l’histoire n’est pas anodin. L’Italie joue souvent crispée dans ces situations, incapable de se libérer malgré un effectif supérieur sur le papier.
Sportivement, la sélection italienne possède des qualités. Les jeunes joueurs émergent, certains cadres apportent stabilité et leadership. Mais le problème récurrent reste le manque de réalisme devant le but. Une faiblesse dangereuse dans un match couperet.
Historiquement, jamais l’Italie n’a manqué trois Coupes du monde consécutives. Une troisième élimination serait un événement majeur, qui remettrait en question toute la structure du football italien, de la formation aux choix stratégiques de la fédération.
Le barrage du 26 mars 2026 est donc crucial. Une victoire permettrait de tourner enfin la page de près de dix années de doutes. Une défaite marquerait une rupture définitive avec ce que représente la Squadra Azzurra dans l’histoire du football.
Conclusion : l’Italie face à un tournant décisif
La qualification pour la Coupe du monde 2026 est bien plus qu’un objectif sportif. C’est une nécessité symbolique, historique et psychologique. L’Italie n’est pas une nation ordinaire dans le monde du football. Manquer un Mondial est déjà un choc. En manquer deux, une crise. En manquer trois, un effondrement.
Les barrages sont un passage dangereux, chargé d’émotions, où l’Italie a souvent trébuché ces dernières années. Les erreurs de 2017 et 2022 servent aujourd’hui de leçon. Reste à savoir si cette équipe saura les transformer en force plutôt qu’en fardeau.
La Squadra Azzurra a l’occasion, en mars 2026, de réaffirmer son statut et de montrer au monde que les géants ne restent pas à terre longtemps. Mais pour y parvenir, il faudra retrouver une rigueur offensive, une sérénité collective et une identité claire, aspects qui ont trop souvent fait défaut.
Le monde du football observe attentivement cette sélection légendaire. Le barrage à venir décidera non seulement de sa présence au Mondial, mais aussi de la suite du cycle italien. Une qualification offrirait un nouveau souffle. Une élimination plongerait le football italien dans une remise en question profonde.
L’Italie joue son avenir. Et cette fois, elle ne peut plus se permettre d’échouer.